Aller au contenu
Sauver notre patrimoine fortifié.
A5 Bois du Four Ligne Maginot
Publié par Michaël Séramour dans Muséographie · 10 Mars 2024
Sauver notre patrimoine fortifié, mais également les dernières traces de la culture de forteresse tant qu'il en est encore temps, telle est la raison d'être de l'Association Ouvrage A5 Bois du Four.
Et comment mieux commencer l'année qu'en se lançant un nouveau défi, parce que finalement, il n'y a qu'en souhaitant très fortement quelque chose que l'on peut y arriver !
Ainsi, suite au sauvetage de la peinture murale "La jeune femme à la rose", peinte par le canonnier Hubert Le Vey à l'ouvrage de Rochonvillers, nous ne pouvions détourner les yeux d'une autre oeuvre magistrale toute proche : le triptyque exécuté par le caporal Louis Brunel dans les profondeurs du fort voisin de Molvange !
Un nouveau défi, consistant cette fois à sauver non plus une mais trois "fresques", la plus grande mesurant 1,10 x 1,50 m pour un poids de 800 kg !
L'ensemble est exceptionnel à plus d'un titre. Il couvre tout d'abord la grande thématique de l'évasion spatiale en en cumulant deux sous-catégories majeures, à savoir le paysage historique et campagnard et la marine.
Par ailleurs, l'oeuvre de Brunel est - ce qui est suffisamment rare dans l'iconographie pariétale de forteresse pour être souligné - très précisément millésimée : 19 septembre 1939. Ce qui fait de ce triptyque l'une des toutes premières peintures à avoir orné les souterrains d'un ouvrage de la ligne Maginot !
Malheureusement, de plus en plus dégradé par la forte humidité régnant à 40 m sous-terre, l'éclat du trésor de Molvange commençait à s'étioler de manière critique, et seule une tentative d'extraction pouvait éviter sa disparition inexorable, l'ouvrage étant ferraillé et désormais verrouillé pour des questions de sécurité.
Soutenu dans cette nouvelle aventure par la Base de Défense de Metz que nous remercions chaleureusement, nous avons donc monté cette nouvelle opération de sauvetage qui fut menée en janvier dernier en se soldant par un... succès !!!
Nous vous proposons cette fois de suivre étape par étape l'aventure de ce sauvetage tout au long de la semaine. Les embûches furent nombreuses mais le talent du caporal Louis Brunel, l'un des premiers "fresquistes" de la ligne Maginot, méritait mieux que l'oubli et la disparition.
À la manœuvre dans les couloirs. Plus que 1100 mètres de souterrains à parcourir...
Arrivé au A5 ! Avec l'aide de Messieurs Richard père et fils, le panneau central du triptyque (800 kg !) s'apprête à passer la passerelle de l'entrée.
Mise en place du panneau central du triptyque dans la chambrée de l'adjudant-chef Clerc, au A5 Bois du Four. Un mur en agglo est maçonné contre la paroi d'origine pour permettre la greffe.
Le plus délicat : la restauration. Conserver au maximum le coup de pinceau original de l'artiste, en restaurant les parties manquantes.
Bien que très dégradée, l'oeuvre de Louis Brunel a été sauvée à 60 % sans retouche, 20 % ont été partiellement repigmentés, les 20 % restants - disparus - ayant été reconstitués à partir de photographies plus anciennes.
50 heures fascinantes de restauration au contact de l'Art de Louis Brunel.
Pendant des décennies encore, gageons que le trésor de Molvange puisse émerveiller les visiteurs et passionnés de la ligne Maginot !
Nous nous retrouvons dans quelques jours pour le premier chapitre de cette sauvegarde rocambolesque mais maîtrisée, digne des grands musées !











Retourner au contenu