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Inauguration du mémorial le 28 septembre 2024
Serge De Carli Président du Grand Longwy
Guy Michel Maire de Villers-la-Montagne
Jean-Louis Marchal Président Association A5 Bois du Four
À l'occasion des 85 ans du début de la Seconde Guerre mondiale et des  80 ans de la Libération du Pays-Haut, l'Association Ouvrage A5 Bois du  Four - Villers-la-Montagne a inauguré le monument commémoratif rendant  hommage à l'équipage de l'ouvrage éponyme le samedi 28 septembre 2024.

En septembre 1939 en effet, la mobilisation  générale battait son plein suite à l'invasion de la Pologne par  l'Allemagne nazie et l'URSS. 140 hommes se retrouvèrent ainsi mobilisés à  l'ouvrage A5 Bois du Four, un véritable fleuron de la ligne Maginot  dont il est également l'un des plus gros monolithes avec 6000 mètres  cube de béton armé.
En mai-juin 1940, l'ouvrage est en première  ligne lors du déclenchement de l'offensive allemande, dont le fer de  lance passe par le sud du Luxembourg et de la Belgique. Impuissant, il  assiste à la chute de Longwy, mais guide les tirs de destruction d'une  batterie française sur le crassier de la cité sidérurgique, où  l'envahisseur s'était risqué à hisser un oriflamme à croix gammée. En  mai 1940, la fortification française joue parfaitement son rôle de  bouclier et d'épouvantail, l'armée allemande préférant s'engager en  Belgique, que les alliés français et britanniques percevaient comme un  champ de bataille favorable... à tord. Si la ligne Maginot remplit sa  mission, la suite des opérations tourne au désastre pour les alliés.
Suite  à la percée de Sedan, vient l'évacuation du corps expéditionnaire  britannique puis des troupes françaises qui purent embarquer à  Dunkerque. À la mi-juin, la ligne Maginot commence à être encerclée.  Appuyé ou guidant les tirs de ses puissants voisins, Latiremont et  Bréhain, le Bois du Four rend coup pour coup à l'adversaire, protégeant  par ailleurs constamment les casemates sous la protection de ses  mortiers de 81 mm. Bombardé quotidiennement, l'ouvrage A5 perdit trois  de ses observateurs grièvement blessés aux yeux dans leurs  cuirassements. Certes, ce ne fut pas Verdun, mais en ces jours sinistres  de juin 1940, et alors que tout s'effondrait autour d'eux, l'équipage  de l'ouvrage A5 Bois du Four, comme leurs camarades de la Crusnes, ne  firent rien que leur devoir, mais tout leur devoir. Invaincu à la tête  de ses hommes, le lieutenant Roland de Mecquenem ne remet  protocolairement son ouvrage aux Allemands que le 27 juin 1940, soit  cinq jours après la signature de l'Armistice, et deux jours après  l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, sur ordre du commandant Vanier,  commandant l'ouvrage voisin de Bréhain.
Les lois de la guerre  auraient voulu que les soldats invaincus de la ligne Maginot rejoignent  la zone libre, mais le vainqueur dictant ses règles, la captivité  attendit la plupart d'entre eux, jusqu'à la Libération des oflags et  stalags en 1945.

En septembre 1944, quelques mois après le débarquement, les troupes américaines, épaulées par les FFI locaux libèrent le Pays-Haut. Les anciens membres de l'équipage du Bois du Four  ont connu des fortunes diverses. Evadé, le capitaine de Mecquenem est  détaché à l'opération Jedburgh et participe activement à la Libération. Évadé également, le caporal-chef Habermacher a payé cher ses services  rendus aux renseignements britanniques et est interné à Dachau. Beaucoup sont en captivité dans les stalags depuis l'été 1940, plus ou moins  bien traités...
Du Bois du Four, il ne reste qu'une épave fumante,  dépouillée, sans âme. L'ouvrage a été presque complètement ferraillé  sous l'Occupation. La tourelle est dépouillée, les cloisons ont été  perforées pour récupérer le moindre gramme de métal utile à l'industrie  de guerre nazie, les moindres installations électriques ont été rasées  au burin.
Il y a 80 ans, l'ouvrage A5 Bois du Four plongeait dans les limbes de l'oubli.

Au  tout début des années 1990 pourtant, une étincelle surgie. Monsieur  François Boudot, maire de Villers-la-Montagne, décida d'acheter  l'ouvrage et de le confier à l'Association de Préservation du Patrimoine  de Villers-la-Montagne. À partir de 2008, il est décidé de remettre  l'ouvrage A5 Bois du Four dans son état de 1940, au détail près.

Aujourd'hui,  le A5 est devenu une véritable machine à remonter dans la ligne  Maginot, proposant une découverte immersive de ses arcanes sans  équivalant. Le site devient peu à peu un véritable conservatoire de  l'univers mental des troupes de forteresse unique en son genre,  s'intéressant aussi bien à l'histoire des combats, qu'à l'uniformologie  ou aux usages quotidiens des combattants - culture littéraire et  théâtrale sous le béton, importation de vaisselle utilitaire issue des  faïenceries locales en vue d'améliorer l'ordinaire. Récemment,  l'Association Ouvrage A5 Bois du Four a lancé un audacieux programme de  sauvetage de fresques murales de la ligne Maginot, prélevées avec la  bénédiction des Bases de Défense de l'Est de la France, restaurées et  intégrées au parcours muséographique du site.
Sombre ruine en  1944, l'ouvrage A5 Bois du Four est aujourd'hui un site rayonnant  renouant avec son histoire militaire, industrielle et artistique dans un  écrin écotouristique incomparable.

Jalon d'une dynamique de restauration patrimoniale et de valorisation touristique exemplaire, l'inauguration du monument extérieur dédié à l'équipage de  l'ouvrage A5 Bois du Four n'en est pas moins la concrétisation de décennies de travail bénévole aux services de notre territoire, à  laquelle vous avez été plus de 130 à répondre à l'invitation. Merci pour les familles !
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